A la mi-parcours de l'année 2023, tour d'horizon sur le comportement de paiement des entreprises, la santé financière, les axes d'amélioration et les évolutions dans les pratiques de paiement.
Contexte des six premiers mois de l'année 2023
Les incertitudes économiques ont un impact sur les anticipations des entreprises. Une inquiétude concerne le risque de dérapage des délais de paiement clients en 2023. Les entreprises renforcent leur vigilance concernant la gestion de leur poste client, notamment en prévenant les risques et en améliorant le recouvrement des créances. Les petits retards de paiement seront surveillés de près en 2023.
Les prévisions pour 2023 indiquent que le Besoin en Fonds de Roulement (BFR) global restera globalement stable. Cependant, le Décalage de Paiement Client (DSO) et le Décalage de Paiement Fournisseur (DPO) devraient augmenter légèrement (+5 combinés), tandis que le Décalage d'Inventaire des Stocks (DIO) devrait diminuer à peu près de la même manière.
Le resserrement des conditions financières et la hausse des taux d'intérêt devraient accroître les délais de paiement, ce qui augmentera à la fois les dettes et les créances, avec des différences entre les secteurs. Bien que le BFR global reste globalement stable en 2023, les délais de paiement pourraient légèrement augmenter pour de nombreuses entreprises, ce qui exercerait une pression sur leur gestion de la liquidité et maintiendrait l'écart de liquidité mondial à peu près inchangé.
Le contexte international rencontré en 2022
L'année 2022 a été marquée par une augmentation du Besoin en Fonds de Roulement (BFR) global des sociétés cotées, atteignant 72 jours de chiffre d'affaires après une hausse de +3 jours en 2021. Environ 34% des entreprises ont un BFR supérieur à 90 jours de chiffre d'affaires. Le déficit de liquidité mondiale s'est élevé à 30 milliards de dollars et devrait persister en 2023. Ce déficit touche principalement les petites et moyennes entreprises (PME), qui représentent environ 90 % des entreprises, 60 % des emplois et plus de la moitié du PIB mondial.
Les PME ont généré un chiffre d'affaires de plus de 135 milliards de dollars, mais en raison d'un délai de paiement moyen de 80 jours, elles ont besoin d'environ 30 milliards de dollars pour financer leur manque de liquidités. Les jours de ventes impayées (Day Sales Outstanding - DSO) ont augmenté de +5 jours à 59, tandis que les jours d'inventaires en attente (Days Inventories Outstanding - DIO) ont augmenté de +5 jours à 50, contribuent ainsi à la hausse du BFR. Les jours de paiement impayés aux fournisseurs (Day Pay Outstanding - DPO) ont légèrement augmenté de +1 jour à 36.
En 2022, la hausse du BFR, du DSO, des stocks et du DPO a été généralisée dans presque tous les secteurs, renforçant les écarts entre les niveaux enregistrés par les différents secteurs. Certains secteurs qui consacrent le plus de ressources financières au fonctionnement de l'entreprise sont le textile (99 jours de chiffre d'affaires), le matériel de transport (108 jours), l'équipement mécanique (111 jours) et l'électronique ( 117 jours). En revanche, les secteurs avec les BFR les plus bas sont l'hôtellerie, la restauration, le tourisme (11 jours), les autres services B2C (28 jours) et les transports (30 jours). Sept secteurs sur 22 ont connu une hausse du BFR de +10 jours, notamment les équipements de transport, l'électronique, les équipements machines, l'informatique/télécom, les logiciels/services informatiques, la chimie et la pharmacie. La plupart d'entre eux ont également enregistré les plus fortes augmentations de DSO ou de stocks.*
Dans l'ensemble, les entreprises européennes ont été plus vigilantes sur les comportements de paiement de leurs clients en 2022, ce qui a entraîné une diminution des retards de paiement dans tous les secteurs et pour toutes les tailles d'entreprises au cours des douze derniers mois. La proportion de factures non recouvrées a également diminué dans l'ensemble des secteurs et des tailles d'entreprises en 2022 par rapport à 2021. Les délais accordés par les entreprises à leurs clients se sont particulièrement réduits dans les services.
L'Europe de l'Ouest a enregistré la plus forte hausse du Besoin en Fonds de Roulement (BFR) avec +7 jours à 68 jours, suivie de près par la CEE avec une augmentation de +6 jours en 2022. La hausse du BFR en Europe de l'Ouest est principalement lié aux changements de comportement de paiement, avec une hausse du Day Sales Outstanding (DSO) de +3 jours, qui n'a été que partiellement compensée par une augmentation limitée du Day Pay Outstanding (DPO) de +1 jour. Il existe des différences notables entre les pays européens en termes de DSO, avec des délais moyens plus tribunaux en Allemagne et dans les pays nordiques, et des délais plus longs en Europe du Sud, notamment en Espagne et en Italie.
Retour sur le contexte français 2022
En 2022, les délais de paiement clients ont connu des évolutions contrastées pour les entreprises, avec 15 % d'entre elles constatant une diminution de leurs délais, tandis que 17 % ont vu leur DSO (Day Sales Outstanding) augmenter. Le secteur du commerce interentreprises a enregistré une hausse significative de 14% du DSO en 2022, passant à 38% contre 24% en 2021. Dans l'industrie, le DSO a également augmenté de 24%, atteignant 38% en 2022 contre 14% en 2021.
En France, le taux d'entreprises dont les retards de paiement se sont avérés 30 jours était de 6,1% en 2022, inférieur de 2,2 points de pourcentage à la moyenne européenne de 8,3%. Les retards de paiement en France métropolitaine sont plus longs en Île-de-France, avec 16,4 jours à la fin de l'année 2022, soit près d'une journée de plus qu'au premier trimestre 2020. Globalement, les retards de paiement clients ont diminué en France, passant de 12,4 jours en 2021 à 11,7 jours en 2022.
Les causes infondées de retards de paiement ont augmenté de manière notable en 2022, passant de 21% en 2021 à 36%. Malgré ces retards, 52 % des entreprises ne réclament pas les sanctions de retard, tandis que seulement 13 % les encaissent systématiquement.
En ce qui concerne les délais clients par type d'entreprise, les grandes entreprises ont enregistré un rallongement de 0,6 jour en 2021, atteignant 52,2 jours contre 51,6 jours en 2020. En revanche, les PME ont diminué d' une réduction de 1,2 jour des délais clients en 2021, tandis que les ETI ont vu leurs délais clients diminuer de 0,5 jour. Le secteur du commerce, qui représente 90 126 entreprises, a vu ses clients retarder reculer à 50,7 jours en 2021, contre 52 jours en 2020.
Concernant les retards de paiement des clients à plus de 30 et 60 jours de la date d'échéance de paiement prévue, les PME s'élevaient à 12 % des soldes âgés, tandis que les ETI et les grandes entreprises étaient à 14 % pour chacune de ces catégories en 2021.
Quant aux délais fournisseurs, ceux-ci ont diminué dans toutes les catégories d'entreprises en 2021, avec une réduction de 0,7 jour pour les grandes entreprises, de 0,3 jour pour les ETI et de 1 jour pour les petites et moyennes entreprises (PME). Le secteur du commerce, regroupant 90 126 entreprises, a également vu ses fournisseurs reculer à 53,6 jours en 2021, contre 54,2 jours en 2020.
Sources :
Étude Cribis sur les comportements de paiement dans le monde – 2023 - Payment Study 2023
Observatoire des délais de paiement - 13 juin 2023
Allianz Trade en France - Etude BFR et DSO 2023
Resultats-Enquete-AFDCC-2022-sur-les-comportements-de-paiement-des-entreprises
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